I hate everything about Myself, why do I love you ?Tu ne sais même pas comment cette conversation a pu dériver jusque-là. Même si ce n’est pas si compliqué que ça, non. T’aurais voulu que ça se passe autrement, mais si ta vie s’était déroulée comme tu l’aurais souhaité, tu, et même vous en fait, n’en seriez pas là non plus. Ce par n’aurait pas semblé aussi menaçant, t’aurais pas passé ton temps à rester sur tes gardes, non pas parce que tu craignais ta cadette, mais simplement parce que tu avais peur que qui que ce soit n’arrive. T’avais pas envie d’être pris de court, avoir un minimum le temps d’improviser quelque chose de plausible qui la sauverait le plus possible
Au fond, peut-être que cette rencontre était prévue, planifiée par une quelconque entité divine qui en aurait eu marre de te voir passer plus de temps à débattre avec ta conscience qu’autre chose. Qui aurait essayé de l’alléger un minimum. Ce qui était actuellement le cas, en sachant, ou en tout cas, en pensant qu’elle était un minimum à l’abri. Qu’elle avait un toit sous lequel se (re)poser, tu espérais en sécurité. T’aurais bien posé plus de question sur la personne qui l’hébergeait, mais t’allais pas pousser non plus. Moins tu connaîtrais de détails, mieux ce serait si votre rencontre arrivait aux oreilles de certaines personnes après tout.
Tu ne fais rien, si ce n’est continuer de la regarder, alors que ses mains quittent des épaules. En même temps, tu te doutais que le contact n’aurait pas duré. Cette sévérité, t’y es imperméable. De toute manière, quand t’as une idée en tête, et que t’es convaincu que ça pourra aider au bien de cette personne, absolument rien ne pourrait t’en détacher. Certainement pas un haussement de voix, de qui que ce soit.
« ▬ Oui, sérieusement. Et bien, si jamais, je l’étais. Je me doute que tu pourrais y arriver, mais avec de l’aide ça te serait encore pus simple. Oui, totalement, rien que le fait de m’être arrêté et de te parler comme on est en train de le faire ne leur plairait pas non plus. Rien, si ce serait essayer de te donner le plus de temps possible pour t’en sortir, fuir. »
Autant que tu puisses servir réellement à quelque chose, une dernière fois. De toute manière, ce n’était pas non plus comme si ta personne t’importait énormément. Bien au contraire. Tu te jetterais à cors perdu dans la première cause qui te semblerait juste, comme dans ce cas-ci, faire passer avant tout ton côté humain. Son regard se fait fuyant, mais t’insistes pas. T’en profites pour regarder un peu autour, mais strictement rien ne semble anormal. Tu mets tes mains dans les poches de ta veste, tu soupires légèrement.
« ▬ Tu nous manque, vraiment. »
Ca l’énervera peut-être, mais t’as pas envie de passer à côté de ces mots simples et pourtant si lourd de sens. Tu te permets au passage d’intégrer Joanne dans ce nous, vous n’en parliez pas délibérément, mais t’étais aussi assez proche d’elle pour sentir qu’elle était touchée par son départ.
Il l'énerve. Il l'énerve tellement, avec sa gentillesse et sa générosité et - pense à toi avant de penser à moi. Charles a toujours été comme ça, d'aussi loin qu'elle le connaisse - et c'est certainement le membre de l'Ordre qu'elle connaît depuis le plus longtemps. Elle le savait. Bien sûr qu'elle savait que ça finirait comme ça, avec lui.
Elle n'ose plus le regarder tout à fait. Bordel, ils ont le don de la faire douter, faiblir - s'émouvoir. Est-ce que c'est une punition karmique d'avoir affaire à eux plus qu'à n'importe qui d'autre…? "Oui, mais non." Sa voix frémit alors même qu'elle s'efforce de la durcir. "Tu n'as pas à m'aider, au contraire. Tu devrais faire tout ce que tu peux pour m'attraper et me foutre derrière les barreaux."Je ne mérite que ça.
Pourquoi tu dis ça, même ? Pourquoi êtes-vous comme ça, Jk et toi ? Combien de temps va-t-elle continuer à se voiler la face ? À vouloir oublier ces pauses thé, et ces sorties, et ces sourires échangés à deux ou trois ? À croire qu'elle n'a plus besoin d'eux dans la tragique épopée dans laquelle elle a plongé sans regarder en arrière ?
Pourquoi ? Elle ouvre la bouche, prête à sortir une violente ineptie, à couper court à toute tentative, à s'évaporer pour de bon, à s'enfuir en courant s'il le faut. Tu nous manques, vraiment."Uh…", c'est tout ce qui sort. Dahl connaît bien trop cet homme pour ne pas savoir peser ses mots, ni se fendre sous leur sincérité.
Putain. Chacha, je te hais."Tu… Vous…" Merde. Ne craque pas, ne craque pas, ne craque pas. Devant Jk c'était déjà suffisant… Et… "Et c'est pas une raison pour te foutre en l'air pour moi. Je le mérite pas, et pourquoi tu crois que j'essaie de t'écarter depuis tout à l'heure ?!" Elle darde son regard et sa voix tremblants sur lui. "Je ne veux pas vous entraîner dans mes conneries. Ni vous mettre en danger…"
Mais j'ai besoin de votre aide. De vous. Vous me manquez aussi.
I hate everything about Myself, why do I love you ?Pourquoi tout ne pouvait pas tout redevenir comme avant. Pour absolument tout devait perdre de son innocence, son insouciance. Tout devait devenir problématique à un moment où à un autre. T’avais même pas souvenir d’une seule chose qui aurais pu totalement bien tourner, en fait. Il y avait toujours des accrocs. Tu la connais, Roald, plus que tu ne l’aurais aimé maintenant sans doute. Pour le coup t’avais rendu les choses compliquées et en y réfléchissant mieux, ce qui lui airait vraiment été bénéfique, c’eut été que tu restes sur ton banc, que tu fermes ta gueule et que tu fermes les yeux sur son passage. Que tu fasses comme si de rien était. Pas un mot, rien. Juste la laisser passer son chemin. Et toi continuer le tiens. Mais non. T’avais pas pu t’empêcher de te lever, d’aller la voir, de prendre des nouvelles.
C’était toujours plus fort que toi. T’aurais bien voulu changer, ne serait-ce qu’un minimum. Mais en même temps, ignorer les gens, tu ne savais pas comment faire sans t’en vouloir pendant des années. En te disant que tout aurait pu être différent, mieux, si t’avais proposé ton aide, si t’avais été là pour les supporter, ou quoique ce soit d’autre. Mais la perspective qu’elle te donne là, elle ne te convient pas. Du tout. T’es peut-être un membre dévoué, t’as peut-être une loyauté presque sans faille, elle est encore plus grandes envers les êtres qui te sont chers, c’est tout.
« ▬ Je préférerais encore mourir plutôt que de faire ça. Qui plus est, si ton but était vraiment de nuire à l’Ordre, tu aurais sans doute eu une dizaine d’occasion de te débarasser de moi depuis le début de cette conversation. »
Elle en avait même une autre, là tout de suite. Tu ne savais même pas si t’aurais le courage d’essayer de te défendre. Sans doute que non, parce que borné comme t’étais, tu continuerais de croire en elle et de penser qu’elle ne le ferait pas. Et quand bien même elle voulait s’en prendre à l’organisation, tu savais parfaitement que votre relation passerait avant tout pour toi. Très grand professionnalisme.
Surtout que l’indécision semble arriver, ce n’était pas spécialement ton but de la déstabiliser. Juste lui prouver, encore une fois ?, qu’elle pouvait compter sur toi, que t’allais certainement pas te monter contre elle. T’as juste envie de la prendre dans tes bras, mais si tu fais ça, tu sais bien que tu ne pourras plus la lâcher. Que ça te -vous ?- fera encore plus mal de devoir vous séparer par la suite. Tu fronces légèrement les sourcils ceci dit. T’étais un spécialiste du dénigrement, mais tu ne l’acceptais pourtant pas chez les autres, incroyable.
« ▬ Bien sûr que si. Ne dis pas n’importe quoi non plus, tu mérites encore moins de finir tuée ou enfermée par le premier membre venu. On est tous en danger, d’une manière ou d’une autre depuis qu’on est nés, sans exception. La seule solution c’est de s’entraider dans des moments pareils. »
Même si le jour où t’en demanderait ne viendrait sans doute jamais, mais soit. T’hésites encore quelques instants, alors que le vent se lève un peu. T’enlèves l’écharpe qui t’as pas encore trop servi aujourd’hui, sans laisser le choix à la blonde, tu la passes autour de ses épaulles.
« ▬ Essayes de ne pas attraper la grippe non plus/ »
Ce n’est même pas une remontrance, en fait, peut-être juste une excuse pour pouvoir lui laisser quelque chose de plus durable que de la nourriture. T’as aucune idée de quand est-ce que vous pourrez vous revoir, et au fond, t’as encore moins envie qu’elle t’oublies, alors tu laisses des traces, comme tu peux.
Tch. Rien à faire contre Chacha, il la connaît - il la connaît trop bien, depuis trop longtemps. Trop longtemps à prendre soin d'elle et à la materner au bureau. En plusieurs années, elle avait à peine remarqué qu'elle l'avait graduellement accepté, attendu. Que c'était devenu normal et qu'elle se foutait de lui pour ça, mais jamais méchamment. Voilà que ça continue - ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu.
Correction : ce n'est pas ce qu'il aurait fallu.
Un soupir. Y a-t-il vraiment besoin de lutter contre sa gentillesse sans bornes ? Ils sont aussi têtus l'un que l'autre, mais Charles n'est peut-être pas en train de perdre la tête. Peut-être qu'il a raison. "T'as vraiment aucun instinct de survie.", qu'elle lâche simplement - elle est fatiguée. Il a raison.
Il a raison et il a tort. Si, si, bien sûr que si elle mérite de finir enfermée ou tuée. J'ai tué quelqu'un après tout. De sang-froid ou de sang-chaud elle ne s'en souvient plus très bien, avait-elle seulement toute sa tête ? L'a-t-elle jamais eu complètement après avoir salué la mort autant de fois ? Ce n'est pas juste. Dahl vit dans un cimetière mais n'a pas le droit d'y reposer elle aussi - ce n'est pas juste.
"S'entraider… Laisse-moi rire. Ce n'est pas moi que tu devrais aid- … Eh ?" Elle a senti le vent sous ses cheveux et elle a cru que son chapeau s'envolerait et c'est cette stupide écharpe qui a élu domicile autour de ses épaules. Cette large étoffe qui porte une odeur et une chaleur familières et si sa voix tremblait elle s'est écoulée. "Je… Je suis pas stupide à ce point, je fais attention tu sais." Gênée la grande blonde elle porte les mains à ses yeux et les essuie rapidement.
Quelques secondes de silence aux sourcils froncés. Et un regard trouble qui se pose à nouveau sur l'homme. "… Merci…"Désolée.
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