I hate everything about Myself, why do I love you ?
Cette soirée, tu ne l’avais pas imaginée comme ça. Pas du tout même. Vous étiez censés…Juste prendre un dîner ? Et une balade, une simple balade. Tu ne savais pas faire les choses correctement, il fallait croire. Jamais dans le bon ordre non plus. Pourquoi t’étais pas réaliste, pourquoi t’ouvrais pas les yeux, pourquoi tu ne la laissais pas tranquille non plus. A cause du temps que tu lui prenais, si ça se trouvait, elle passait à côté de plein de trucs. Qui en valaient la peine, certainement. Même plus que ça. Mais non. T’étais là, tu usurpais son temps comme si de rien n’était. Franchement. Et après tu t’étonnais encore à de rares occasions d’avoir aussi honte de toi. Quoique. Ce n’était pas de la honte. C’était du désespoir. Un désespoir que t’avais aucun mal à imaginer. Tu pouvais même le voir un peu quand tu voulais, grâce à tes chaînes. Qui dans un sens étaient assez jolies, oui. Mais bon. Tu n’allais pas t’extasier là-dessus. Vraiment pas. Ce serait. Glauque. Et ridicule. Plein de choses dont tu ne voudrais pas, voilà. Mais ses paroles te font espérer. Un espoir qui t’est, tu dois bien l’avouer, très rare.
« ▬ …D’accord, je te promets. J’ai quand même le droit à 5 minutes d’hésitation, pour pouvoir voir si le problème en vaut vraiment le coup et ne pas t’appeler sur un coup de tête ? Eet que tu promettes la même chose aussi, en fait. »
T’avais un peu souri. Ca te faisait tellement plaisir de l’entendre dire ça, et surtout, d’être là pour elle, de pouvoir peut-être l’aider. T’espérais en tout cas, c’était tout ce que tu souhaitais. Et ce moment était tellement précieux. Tu n’avais jamais vu ça, ou presque. Tu en avais eu quelques-uns, oui. Mais certainement pas concernant de quelconques sentiments, amoureux. Clairement. T’allais plus te mentir, plus te faire d’illusions à propos de quoique ce soit. T’étais clairement tombé amoureux de cette fille et même plus que ça. Tu ne savais pas exactement mettre de mots dessus, mais c’était quelque chose de fort. Vraiment. Sinon tu ne te serais pas confié. Pas de la sorte. T’arrivais à un peu sourire. Tu sais qu’elle essayait de bien faire. T’essayais aussi, vraiment. De voir le bon côté des choses. Mais c’était. Difficile. Trop difficile.
« ▬ Qui sait ? Peut-être qu’au plus tôt tu le feras, mieux ce seras ? On ne sait jamais. Autant se préparer à toutes les éventualités ! J’aimerais…Vraiment, mais je ne sais pas si…il y a encore quelque chose à…sauver. »
Ta voix s’était légèrement éteinte vers la fin. Bien. De mieux en mieux même. Dire que tu voulais faire des efforts. Mais tu n’allais pas la lâcher. Pas maintenant. T’avais fermé les yeux, juste pour ne penser qu’à elle, sentir sa présence. T’avais un peu frissonné, avec sa main sur ta nuque, mais c’était tellement agréable. Un geste assez simple en soi. Mais que t’allais certainement pas détester.
A partir de quand elle avait commencé à lui faire confiance ? Il ne devait pas y avoir de moment précis en réalité, ça s’était fait au fur et à mesure, à force de se côtoyer. Les sorties qui étaient inexistantes au départ, commençaient à se faire de plus en plus fréquentes, jusqu’à en devenir hebdomadaires, et presque quotidiennes. Quand ils ne sortaient pas, ils finissaient par s’envoyer des messages, souvent, quand ils n’étaient pas en mission du moins. Comme une addiction, comme si ils ne pouvaient pas se passer l’un de l’autre au fil du temps. Cela pouvait être effrayant vu comme ça, mais qu’est-ce que c’était agréable de se savoir important pour quelqu’un, elle était sûrement importante pour lui, et c’était réciproque, et plus que ça encore. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire d’ailleurs.
- Oui tu as le droit à tes cinq minutes d’hésitation si c’est ça qui te préoccupe, mais pas plus. Je te promets également de t’appeler en cas de problème… Même si on a envie de parler aussi, de se confier… Et tout le reste.
Tout le reste comme… Au cas où ils se sentiraient mal en fait, mais est-ce que ça restait dans a catégorie du problème ? Et est-ce que Charles allait le faire ? Ils étaient autrefois tous deux si réservés que l’on aurait pu les comparer à des murs de béton, mais ils avaient brisé un à un celui-ci pour qu’ils puissent s’exposer l’un à l’autre et mettre derrière eux les débris de leurs malheurs. C’était comme ça que Tsuraya le voyait, restant dans ses bras, se sentant bien, peut-être même au point de s’endormir si il le fallait, mais on allait éviter. Elle fronça les sourcils à ses dires et posa ses mains sur ses joues, les caressant du pouce et le regardant dans les yeux, les joues légèrement rosies du fait de son acte.
- Je peux t’assurer que oui Charles. Je t’assure que la prochaine fois la fessée tu y aura le droit…. Bon peut-être pas la fessée, la pincée je voulais dire parce que .. Voilà. Mais-
Elle se mit à rire légèrement même un peu plus, elle avait presque honte de ce qu’elle venait de dire, elle partait vraiment de quelque chose de sérieux et ça avait dérivé sur une phrase bien plus bizarre, Tsuraya ne s’était pas attendue à ce que sa phrase dérape autant. N’importe quoi.
I hate everything about Myself, why do I love you ?
En changeant de continent, tu ne t’étais vraiment pas attendu à faire des rencontres. Pas dans ce genre là en tout cas. Pas en dehors de l’Ordre non plus. Enfin. Généralement tu minimisais tes dites rencontres, oui. Parce que ça se finissait toujours de la même manière. Tu t’attachais, trop généralement. Et ce n’était pas réciproque. Pas autant, pas de la même manière. Ca te blessait, mais tu fermais encore et toujours ta gueule. Parce que t’avais jamais appris à l’ouvrir non plus, c’était peut-être bien là le problème. A vouloir toujours le meilleur pour tout le monde et t’oublier. Te rendre compte trop tard que c’était une erreur. D’ailleurs, c’était peut-être une énorme erreur que tu étais en train de faire maintenant. Et comme d’habitude, tu fermais les yeux. Tu venais de lui raconter tout ce que tu t’étais évertué à cacher pendant des années à ta famille. Ce que tu continuais de cacher aux yeux des autres d’ailleurs. T’avais envie d’y croire, pour cette fois. Comme t’avais pu y croire pour Mark, oui. Qui était parti bien trop tôt d’ailleurs.
« ▬ Parfait alors ! Histoire d’éviter les appels intempestifs. J’essayerai de bien calculer ! C’est gentil, j’apprécie, beaucoup. Et bien sûr ! N’hésite vraiment pas, même si c’est parce que tu as eu une bonne nouvelle, ça fait toujours plaisir. »
Ce n’était pas toi par contre qui risquait de passer ce genre d’appel. Parce que tu ne voudrais pas en fausser un non plus. Et que tu avais du mal à discerner ce qui pouvait vraiment être une bonne nouvelle, de peur que quelque chose te retombe dessus, toujours. C’était le cas d’ailleurs. Rien de miraculeux ne pouvait se produire bien tranquillement. T’étais juste pas quelqu’un d’optimiste, et tu ne le serais sans doute jamais. Ce n’était pas quelque chose qu’on puisse changer. Du tout. Même si pour le coup, sa phrase avait failli te faire rire. Enfin, en tout cas te détendre, même si tes pensées ne risquaient pas de s’alléger pour autant sur le sujet.
« ▬ Si tu le dis. Même si je t’assure que j’aimerais beaucoup te…Croire. Oh, on dit que la violence règle rarement les problèmes, pour le coup, on dirait que ton inconscient n’était pas spécialement de cet avis ! »
Autant essayer de dévier le sujet, et éviter de la déprimer encore plus, surtout qu’elle riait. T’aurais pu faire un effort pour suivre un peu plus le mouvement quand même. Même si tout ce qu’il y avait de plus important pour toi pour le moment, c’était que tu puisses la tenir juste là entre tes bras.
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