Je dois vraiment collaborer avec... vous ?! • Ft. Kôyô

Depuis son retour à la Mafia, Kôyô ne chômait pas. Elle n'avait pas le temps de faire elle-même des missions mais en supervisait plusieurs. Cela dit, ça lui manquait un peu. C'était certes rare qu'on dérange un cadre pour qu'il se déplace alors qu'ils avaient assez de sbires et capitaines pour s'en charger mais il semblait que la jeune femme devait vraiment être sur tous les fronts en ce moment.
Un capitaine demanda justement à être reçu chez elle, ce qu'elle autorisa. L'homme prit soin d'enlever ses chaussures avant d'entrer et attendit qu'elle l'autorise à parler.

- Qu'y a t-il ? Demanda t-elle donc.
- Désolé de vous déranger au dernier moment mais il y a une mission que vous devez faire.

Kôyô leva les yeux de ses papiers et foudroya du regard le capitaine.

- Que je « dois » faire ? Et depuis quand un simple capitaine dit à un cadre ce qu'il « doit » faire ?
- Je... excusez-moi.

L'homme se permit de tendre le dossier qu'il avait sous le bras à sa supérieure et revint à sa place. Il reprit ensuite les explications d'une voix assurée.

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je faisais référence à ce dossier. Il y a quelques jours, on a découvert qu'un capitaine avait commencé à faire du trafic de son côté en profitant de nos ressources. Il s'est même permis d'enlever plusieurs personnes, dont une chirurgienne de l'hôpital principal de Yokohama pour se développer. Aucune de ces opérations n'a reçu notre aval et la somme détournée s'élève à plusieurs centaines de milliers de yen.

La cadre regardait le dossier en même temps qu'elle écoutait les explications. Seulement... un élément la dérangeait.

- Trafic d'organes ?
- Oui, et drogue également. Il a reconstitué un laboratoire dans les docks avec l'aide de quelques sbires qui se sont chargés des enlèvements et de la surveillance des locaux.
- Ce genre de trafic ne fait pas partie de mes prérogatives. Pourquoi ne pas s'adresser au cadre qui s'en charge ?
- Nous avons en plus été informé que l'Agence des Détectives Armés est également sur l'affaire. Ils viennent d'envoyer Ranpo Edogawa et les ordres sont de les empêcher de remonter nos trafics. Le Boss a été très clair là-dessus et vous êtes le seul cadre disponible actuellement.

Au même moment, Kôyô constatait en effet que le dossier était paraphé de la signature de Mori lui-même. Elle le signa donc aussi juste en dessous pour prouver qu'elle acceptait la mission, en se retenant de soupirer devant son subordonné.

- Très bien, je m'en occupe.

Le capitaine fut ensuite congédié d'un simple geste de la main.
Edogawa... Encore... La rousse se rappelait de son visage avec le nez en sang... Si ça n'avait été pour Kyôka, elle l'aurait sans aucun doute abattu, juste car elle ne le supportait pas. Seulement, les faits étaient là. Il était largement capable de se servir de ce traître pour mettre à mal les trafics en cours de la Mafia, ce qui n'était pas acceptable. Bien que ça n'avait pas été évoqué, Kôyô l'avait parfaitement compris, il fallait abattre le fautif. Et si Edogawa était sur la route, et bien....


La cadre arriva là où le capitaine avait été vu pour la dernière fois. C'était en dehors du territoire principal de la Mafia, aussi Kôyô avait moins de chances d'être repérée. Elle avait toutefois plusieurs contacts sur place qui l'informèrent de la présence du détective.
« Ravie » qu'il soit déjà présent, comme on s'en doute, la jeune femme prit le détective en filature qui avait lui-même prit en filature le fuyard. Le plan était de voir si l'énergumène parvenait à attraper sa proie et lui « voler » ensuite d'une lame bien placée.
Enfin... ça c'était s'il parvenait à ne pas se faire repérer, ce qui échoua... Le premier réflexe de Kôyô fut de maudire le détective mais au final, elle changea son plan et décider d'intercepter son « rival ».  Pour cela, il lui suffit de prendre un raccourci, Edogawa ne connaissant pas très bien la zone de toute évidence, pour apparaître à l'angle d'une rue qui la ferait forcément croiser son ennemi.

- Toujours entier Edogawa ? Sourit-elle.

Derrière les paroles supposées être assurées du détective, Kôyô sentait bien qu'il était loin d'être à l'aise. Les événements du parc ne devaient pas avoir quitté sa mémoire, et elle aurait été déçue que ça soit le cas à vrai dire. Ca la vexerait qu'on ne la considère pas comme une menace, en fait.
Mais malheureusement oui, il avait été soigné. Pas surprenant quand on avait Yosano comme allié. A vrai dire, Kôyô l'appréciait, à sa manière. La torturer ne lui avait pas fait plaisir, il s'agissait avant tout de son devoir, mais elle respectait sa force d'esprit.
Bref.
C'était Ranpo Edogawa qui était là, et non Yosano bien qu'elle aurait préféré. Mais peut-être que ça n'en serait que plus drôle?

La cadre le laissa parler ce qu'il voulait, à l'ombre de son ombrelle qui projetait une lumière rouge sur son visage. Un visage éclairé en plus par un sourire moqueur.

- Il n'est pas le premier à croire pouvoir nous échapper.

N'en était-elle pas la preuve vivante après tout? Quoique son cas était différent, puisqu'elle avait survécu.

- Que de politesses... Si je peux? J'ai bien peur que non. Il me semble même que Dazai m'a fait une demande similaire il y a quelques mois. Si j'ai refusé d'écouter un de mes anciens collègues, pourquoi vous écouterais-je alors?

La réputation de l'intelligence d'Edogawa était parvenue jusqu'aux oreilles de la Mafia, bien entendu, mais Kôyô connaissait bien mieux Dazai, autant qu'il était possible de le connaître. Cela dit il fallait admettre qu'elle voyait toujours en lui un garçon de 12 ans marchant avec une béquille qui, quelques années plus tard, avait aidé son mentor à devenir boss. Jusqu'à ce qu'Edogawa fasse ses preuves, s'il les faisait un jour, la jeune femme aurait donc plus de raisons de craindre le brun que Mr-au-chapeau-démodé.

- Etes-vous sûr de vouloir croiser mon chemin sans Kyôka pour vous servir de garde du corps?

OH, se retiendrait-il? Il lui semblait qu'il était un peu plus... virulent la dernière fois. Enfin s'il s'offusquait pour un simple nez cassé... C'était presque vexant en réalité qu'il n'apprécie pas la chance d'avoir échappé au pire face à une cadre... Peut-être devrait-elle le lui rappeler? En attendant, sa mauvaise foi la faisait rire intérieurement. Après, le choc du coup de poing pouvait aussi lui avoir effacé quelques souvenirs, mais n'avait il pas """discrètement"""envoyé un message à ses collègues en se cachant derrière elle?
Aaah... cette mission promettait d'être... pleine de rancunes et de divertissement. Il était bien sûr clair que Kôyô ne pouvait pas le laisser partir seul et régler son affaire. Elle ne doutait pas que le détective serait déçu et rentrerait les mains vides à son Agence... s'il rentrait. Pour le moment, l'observation était de mise, enfin presque...

- Malheureusement pour vous Edogawa, vous avez ruiné votre chance que je vous laisse en paix.

N'avait-il pas eu l'opportunité de "l'abattre" dans le parc? Kôyô l'aurait bien sûr plus ou moins laissé tranquille et aurait été, sans aucun doute, moins virulente que ce qu'elle souhaitait -et allait- être aujourd'hui.
Il était tellement persuadé de réussir, et il réussirait sûrement à trouver ce mafieux, mais que croyait-il qu'il allait trouver derrière? Qu'une fois trouvé et bloqué dans un coin, l'homme allait gentiment se rendre? Heureux les simples d'esprit...

- Je m'en voudrais de louper une telle démonstration d'intelligence. J'ai aussi surtout hâte de voir comment votre génie va l'empêcher d'utiliser son arme, qui ne sera pas vide, elle. Quel dommage que vous vous soyez déjà fait repérer.

C'était une certitude, le mafieux allait s'attendre à tomber sur Edogawa, et ne lui laisserait pas le bénéfice du doute. Le risque que Kôyô refusait d'admettre, c'est qu'un sursaut d'intelligence frappe le capitaine et qu'il trouve que l'Agence pourrait négocier et lui offrir des termes que la Mafia, bien entendu, ne considérerait même pas. Pour l'organisation, seule la mort était envisageable, et la cadre comptait bien l'appliquer.
La jeune femme était toutefois sincère et voulait vraiment voir comment Edogawa pouvait gérer une situation si délicate où il serait seul face au danger, sans Kyôka, et sans stagiaire pour le sauver. Peu importe la réputation de Yosano Akiko, elle non plus ne pouvait pas ramener les morts à la vie.

- Comment va votre stagiaire occidental?

Elle lui avait à peine parlé, mais cet homme l'intriguait, autant par sa position que par son attitude. Et puis, si cette conversation perturbait le détective, tant mieux. La cadre ne doutait pas que ses hommes parviendraient à trouver le fuyard d'ici là. En attendant, elle suivit Mr-au-Chapeau-Démodé.