I hate everything about Myself, why do I love you ?
Depuis combien de temps, tu n’avais plus pris la peine de respirer de l’air frais ? De t’arrêter quelques instants dans la rue, ne serait-ce que pour admirer le paysage. Profiter de la vue, du temps qui passait beaucoup trop rapidement. Plutôt que de rester penché au-dessus d’une multitude de dossiers. En même temps, ce n’était pas comme si tu avais énormément le choix. C’était ton travail, et pour rien au monde tu ne le laisserais tomber. Pas de cette manière. Pas en risquant d’attirer des problèmes aux autres, de manière directe ou non. Si tu ne les remplissais pas, ces dossiers, quelqu’un d’autre devrait passer par-là. Quelqu’un qui en aurait déjà une bonne dizaine. Inutile de rajouter gratuitement des heures supplémentaires à quelqu’un que tu risquais de croiser tous les jours.
Mais aujourd’hui, ton cher félin ne semblait pas du tout être décidé à rester à l’intérieur. Il s’était d’abord posé devant la fenêtre, avant de se mettre à miauler incessamment. Et une fois que tu lui avais ouvert, tu ne l’avais plus vu pendant une bonne dizaine de minutes, avant de revenir avec une chose encore non identifiée à ce jour entre les dents. Il avait l’air spécialement fier, mais tu ne pouvais décemment pas le laisser gambader tranquillement dans les alentours du château qui vous servait de QG avec la neige aux alentours et prendre le risque qu’il finisse par mourir de froid quelque part.
Mais ça n’avait pas été assez pour lui. Et le festival de la mauvaise foi et de l’insubordination avait commencé. Tu avais pris l’habitude avec le temps, mais c’était pire que la normale. Surtout que ses cibles préférées étaient tes stylos. Et qu’après la huitième rature sur un document, due à un coup de patte, tu en avais eu un peu marre. Et surtout, tu t’étais dit qu’il ne faisait pas ça juste par caprice. Il avait peut-être besoin de se dégourdir les pattes plus longtemps, oui.
Ca tombait plutôt bien, parce que tu devais de toute manière passer en ville. Faire quelques courses pour le soir même. Ce serait bien de penser à bouger son cul, en fait. Et vu la température, tu avais même daigné prendre ta veste, incroyable.
La petite boule de poil semblait avoir été incroyablement ravie de pouvoir se balader en dehors des couloirs, et ne se gênait pas non plus pour fouiner un peu partout dès qu’il y avait un buisson, ou un tas de neige un peu trop suspect. Ce qui était devenu problématique en ville, étant donné qu’avec les passants, tu avais juste peur qu’il se fasse écraser. Ou qu’on lui écrase la patte. T’avais préféré le mettre sur ton épaule, il y serait déjà plus en sûreté, même s’il avait l’air d’avoir pas mal froid. Tu allais juste presser un peu plus le pas, et tout devrait bien se passer.
Devrait.
Alors que tu regardais une échoppe un peu plus loin, l’animal avait sauté avec agilité vers…une échoppe ? Heureusement que tu avais pu sentir la pression sur ton épaule se libérer. Mais il restait à savoir où il avait bien pu aller. Pas trop loin tu espérais, tu étais déjà en train de paniquer. Paniquer jusqu’à ce que ton regard se pose sur le chat en question. Tranquillement en train de se frotter avec insistance aux jambes d’un parfait inconnu. Alors même s’il se montrait assez affectif, à ce point, avec une personne lambda, c’était assez louche. Peut-être qu’il avait de la nourriture sur lui. Même si il avait juste l’air de tenir son kiosque bien tranquillement. Et que tu allais essayer à ce qu’il puisse être aussi tranquille qu’il y a deux secondes.
Tu t’approches en essayant d’accrocher un sourire à tes lèvres, t’as l’impression que tu vas encore plus l’importuner qu’autre chose, mais tu ne peux pas non plus le laisser juste là. T’hésites sur la langue à adopter, il n’a pas l’air franchement japonais. Tout autant que toi, c’est pour dire. Tu tentes l’Anglais, ce qui semble être le plus logique au fond.
« ▬ Bonjour ! Je suis vraiment désolé pour le chat, je n’ai détourné mon attention deux minutes et il en a profité pour vous rendre visite ! Il…n’a rien saccagé j’espère ? »
Ce serait pas mal de se renseigner en fait, Charles. Même s’il s’était visiblement installé sur ses chaussures en continuant de frotter sa tête contre ses jambes, tu ne savais que trop bien que ce genre de comportement pouvait en cacher un tout a u t r e.
Visite surpriseil est où Charles Ce n'est pas parce que maintenant Ray avait assez d'argent pour ne plus travailler qu'il allait se mettre à n'effectivement plus travailler, non. Du moins pas pour le moment. Si ça pouvait lui permettre de passer plus de temps avec Daniel, il reconsidérerait plus sérieusement l'idée. Mais pour le moment, il continuait de se lever le matin et d'aller travailler. Ce n'est pas non plus comme si son travail était totalement éprouvant. Ça allait oui, très clairement. Et il aimait encore bien ça pour le moment. Doooonc il n'avait aucune raison d'abandonner son boulot pour le moment. Vraiment aucune. Et puis ça lui permettait de s'aérer un peu, il aimait bien.
Et puis parfois, il avait des petites surprises. Comme actuellement, un chat, très mignon oui, que Ray avait vu avancer d'un pas très déterminé vers son kiosque. Ah bon. C'était pas tous les jours qu'il croisait des animaux qui daignaient bien vouloir l'approcher. Mais il n'allait pas se plaindre de la venue plus qu'inattendue de celui-ci. Il était bien mignon, et visiblement il se frottait à lui. Peut-être parce qu'il faisait froid, et que Ray émettait plus de chaleur que la plupart des autres humains. Eh bien il avait saisi l'occasion, et s'était baissé pour caresser le chat. Il était trop migNON. En plus il ronronnait. Beaucoup trop mignon. Eeeet il semblerait que son propriétaire soit arrivé. Il fallait bien que ça arrive oui, il était trop beau pour n'être qu'un chat abandonné. Ray s'était donc redressé, en souriant un peu. Il devait s'agir d'un anglais, vuuu qu'il avait parlé anglais. Avec un accent qui lui semblait britannique. Ce n'était pas non plus tous les jours qu'il en croisait, des britanniques. Au moins, c'était dépaysant.
« Bonjour. Ne vous excusez pas, il est vraiment sage ! Et visiblement très affectueux. Non non, du tout ! Il s'est juste frotté à moi, rien de grave. »
Il allait encore se pencher pour frotter un peu la tête du chat. Vraiment adorable.
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