L’heure tourne, de manière un peu affolante lorsqu’on a quelque chose de prévu, à un instant précis et qui ne peut être remis à plus tard. Habituellement, je n’y assiste pas en personne, à ces réunions secrètes qui m’offrent des informations incroyables que je peux ensuite vendre au prix fort. Non, j’y envoie quelques fantômes serviables. Hélas, cette fois, il n’y en avait aucun désirant s’acquitter d’une tâche pareille. Certes, cette ville abritait des atrocités comme j’en avais rarement vu, comme un temple rassemblant les adeptes d’une secte folle. Un regroupement de personnes étranges, venus de tous les horizons, et j’en fais parti.
Ah, je m’égare. Mon problème reste que je n’ai personne, autre que moi-même, sur qui compter pour ça. Alors je dois y assister à tout prix. Mais, bien sûr, puisque rien ne se passe comme prévu, à peine suis-je prévenu par un très cher ami (qui accepte de m’accompagner, mais pas d’y aller à ma place) qu’on me saute dessus.
Oh non. Pas lui, pensé-je en l’entendant m’hurler dans les oreilles.
Pas lui, pas maintenant. Trop tard, cela dit, maintenant que je l’ai sur les talons, il ne me lâchera pas la grappe, je le sais. Malgré moi, je soupire profondément en me massant l’arête du nez, essayant de chasser le début d’un incroyable agacement.
«
Qu’est-ce que tu me veux, Orwell ? » Demandé-je doucement, en essayant de ne pas paraitre plus tendu que je ne le suis. Il pourrait en venir à croire que je ne l’apprécie pas et - …. Oh, en soit, je m’en moque bien, sauf qu’il m’embête actuellement. S’il le découvre, ce sera encore pire et je ne pourrais
jamais assister à cette réunion. Je me munie donc de mon arme la plus fatale
aka mon sourire charmant. Tourné vers lui, je lève une main que j’enfonce aussitôt entre ses mèches blondes, les ébouriffant affectueusement. Je ne le déteste pas, ce grand enfant.
«
C’est vrai que je n’ai pas souvent l’occasion d’utiliser la langue de Shakespeare, par ici, » commencé-je en levant le nez en l’air. Je me suis habitué à parler japonais, même si mon accent ressort énormément et que j’ai tendance à être un poil trop formel. C’est toujours un plaisir de pouvoir reprendre les vieilles habitudes, de ne pas avoir à réfléchir avant d’ouvrir la bouche – même si nous devrions tous tourner sept fois notre langue dans notre bouche avant de parler, ça éviterait beaucoup de maladresse. «
Dis-moi plutôt, qu’est-ce que tu fais par ici ? »
Il ne serait tout de même pas sur le même coup que moi, hein ?