eh décidément la mafia de Yokohama voilà une belle (très belle, oh) bande de fashionistas je n'imaginais pas belle surprise.
poupée sortie de l'écrin dentelle et rubans sur le teint de porcelaine fils de jais soie nacrée pas immaculés et sourire feutré Faulkner conquiert le quartier (dames et sieurs se retournent à son passage)
Regardez-le donc cet androgyne qui sort du Starbucks cristal incandescent dans cette nuit d'âmes sans saveur qui illumine une foule brune d'idées sottes (et qui attend) vous feriez-vous désirer cher Kazuo ? une dose de café insinuée entre ses lippes carmines amère impression de solitude.
devrais-je commencer la guerre (les soldes) sans lui ? encore Cinq minutes (magnanime ce Faulkner) devant le café.
cause darling, I'm a nightmare dressed like a daydream
Debout devant le grand miroir qui occupe la moitié d’un mur de ta chambre, tu regardes ton reflet esquisser une grimace. Trop de ceci, pas assez de cela, ou bien les couleurs ne vont pas ensemble, tu n’es jamais satisfait. C’est bien pour ça que tu as désespérèment besoin de nouveaux vêtements mais pourquoi t’exposer aux yeux du monde si ce n’est pour les éblouir ? Surtout aujourd’hui, car aujourd’hui tu ne sors pas seul et tu as l’espoir d’être plus beau que ton rendez-vous. Espoir futile, sans doute. Faulkner attire, où que vous alliez, plus de regards que toi, et cela t’agace passablement. N’es-tu donc pas tout aussi charmant, voire plus, que ce brun pâlichon ? C’est ce que tu aimerais bien prouver.
Perles, gants blancs, maquillage, boucles d’oreilles, tout y passe puis tout s’efface, inlassablement, comme le temps. Déjà le moment de partir, et tu n’es pas prêt. Flûte, tant pis. Tu préfères être en retard plutôt que mal habillé. Tu coures, un peu, pour arriver à l’heure, mais tu t’essouffles vite et finalement tu dépasses l’heure convenue de bien dix minutes, ou même quinze. Tu as les joues rouges et tes talons font clac clac clac, et puis la dentelle flap flap flap alors que tu t’arrêtes, enfin, devant le Starbucks et Faulkner. Comme d’habitude il a cet air souverain, cet air de princesse (mais s’il est la princesse toi tu es le roi, tu n’en démordras pas).
Tu lui offres un sourire éclatant. "Ben alors," tu lances, "qu’est-ce qu’on attend ?" Comme si ce n’était pas toi, qu’il attendait depuis tantôt. Faulkner, tu l'apprécies, disons (quand tu n’es pas trop jaloux de lui) mais pas au point de lui épargner tes railleries, ton insolence d’enfant. De toute façon il te le rend bien – on pourrait se demander lequel, de vous deux, est le plus insupportable.
eh bien eh bien Faulkner sirote son café ingénu laisse la chaleur s'écouler le long de sa gorge d'albâtre offre un sourire létal à un ou deux passants éconduits
Finalement. il se débarrasse du gobelet et s'approche (un peu trop), il vient toiser ce jeune damoiseau le surplomber
(d'un doigt il relève l'insolent menton) "qu'est-ce qu'on attend, Kazuo ?" qu'il susurre "mais je me demande bien." (un regard énervé) en s'écartant (dédaigneux) "je me suis fait aborder par trois personnes le temps que tu arrives, tu aurais pu faire un effort" (trois de plus que toi)
quelques pas souverains d'une démarche de mannequin vers les luxueux magasins
(mesdames et messieurs se retournent à son passage) sans laisser de choix (mon avis est le meilleur) voilà la première boutique immense temple aux mille étoffes débordant de soupirs et de faux-semblants "Bonjour mes-… messieurs-dames ?" charmante hésitation léger rougissement la reine est dans la place.