I hate everything about Myself, why do I love you ?
T’étais plutôt bien placé pour savoir que ce serait une énorme erreur de penser qu’un jour, tu pourrais t’engluer dans une quelconque routine. Certainement pas en restant dans l’Ordre. Certes, il y avait des journées plus calmes que d’autre, mais il y avait toujours quelque chose à faire. Heureusement. Tu n’étais pas vraiment le genre de personne à qui ne rien faire allait. Si tu ne t’occupais pas, tu n’avais même pas envie de penser où tu en serais maintenant. Soit. ce matin, t’étais plutôt plongé dans une tonne de dossiers. Peut-être pas spécialement intéressants, mais il fallait bien les faire. Tu n’étais pas du genre à fuir tes responsabilités. Bon, si, totalement, mais pas uniquement quad c’était personnel, certainement pas quand ça touchait au travail, ou que ça concernait quelqu’un d’autre.
Mais le destin avait apparemment décidé de te sortir la tête de la paperasse. Il n’était pas étonnant que l’on vienne dans ton bureau de temps à autres, étant donné que tu laissais toujours la porte ouverte. C’était plus pratique avec ton chat, qui aimait partir en exploration au moins trois ou quatre fois par jour. Et c’était nettement plus amusant pour lui de ne pas avoir à rester enfermé entre quatre murs toute la journée. Par contre, il était un peu plus rare que l’on vienne pour te faire part d’une mission plutôt urgente. Qui consistait à venir en aide à quelqu’un. Même si de base, ton rôle dans l’organisation était précisément défensif et non offensif, cela faisait depuis un petit temps qu’on ne t’avait pas demandé de venir en renfort. Enfin soit. Le tout était d’agir au plus vite. Histoire d’éviter une quelconque tragédie.
T’avais rapidement pris ta veste. Certainement pas pour le temps, mais pour plus de praticité. Autant être trop prudent que pas assez. Tout simplement parce que c’était là que tu rangeais ton revoler. Que tu espérais ne pas devoir sortir, et encore moins utiliser. Sauf qu’on était jamais sur de rien. Tu t’étais presque dépêché sur le chemin, histoire de ne pas non plus trop attirer l’attention. Une des dernières choses à faire. Heureusement qu’il n’y avait pas encore trop de monde à cette heure-ci. Tu n’en es même plus très loin, si tu t’en tiens aux informations qu’on t’a données.
Ce qui est plus étrange, c’est que tu n’entend pas spécialement de bruit. Alors que tu as enfin gagné les ruelles. Ils ne devraient plus être très loin, à moins qu’ils n’aient déjà changé d’endroit. Ce que tu n’espérais au fond pas. D’une part parce que cela réduirait considérablement l’espérance de vie de ton coéquipier, et d’une autre part, le retrouver tout court serait presqu’une expédition. En elle-même.
T’accélères un peu le pas, faisant claquer légèrement ta veste derrière toi. Tu t’étais presque trop précipité au final, t’avais été surpris au détour d’une des ruelles, de voir justement deux personnes, dont une qui t’étais familière. L’autre par contre, pas du tout. Une jeune fille à la chevelure inratable. Ton pied gauche, lui par contre rate sa chance d’atterrir complètement sur le sol. Il glisse, glisse lentement, dérape, mais tu reprends contenance sans même devoir le regarder, ton regard améthyste est captivé par la scène que t’es censé régler.
Tu le reposes tranquillement, en plein milieu d’une flaque qui a dû se former au cours de la matinée. Tu ne prends pas la peine de grimacer, ce n’est pas comme si t’étais pied nus non plus. Tu reprends ta marche, plus calmement, plus normalement, en restant à une distance raisonnable de la jeune fille. On t’avait parlé d’un membre de la mafia. Tu ne t’étais pas attendu à quelqu’un de si jeune, mais après tout, tu es assez bien placé pour savoir qu’il est inutile de juger les gens sur leur âge ou leur apparence.
« ▬ ….Bonjour ? Avant d’en arriver directement à un différent, vous accepteriez de parler afin d’essayer de trouver un quelconque arrangement ? »
Tu laisses tes mains assez en évidence. Histoire de montrer que tu n’es clairement pas prêt à agir d’une manière agressive envers elle. Bien évidemment en cas d’urgence, tu avais ton pouvoir, et l’avantage était qu’elle ne le connaissait pas. Le désavantage, c’était qu’elle en avait sans doute un aussi, et que tu n’avais pas la moindre idée duquel il pouvait s’agir. T’avais très bien vu les regards que ton collègue te lançait, mais tu essayais de ne pas trop y faire attention, optant plutôt pour établir un contact visuel avec ta cadette.
Régulièrement, Yoshi était contactée pour effectuer des missions en tout genre mais aucune n’étaient d’une grande importance. Si elle en ratait une, il n’y aura que très peu de répercutions voire aucune. Alors aujourd’hui on lui avait demandé de prendre un membre de l’Ordre en embuscade et de le ramener vivant ou pas, peu importe. Bon cette mission n’avait pas tant d’importance que ça puisque ce n’est pas un ennemi de moins qui allait changer la donne pour la mafia alors elle s’y rendait en touriste, sans pression. Elle avait quand même un petit couteau dans sa poche, bien que son pouvoir la sortait souvent de nombreuses galères, on ne sait jamais.
Elle se mit en route vers le lieu qu’on lui avait indiqué, c’était un peu éloigné des bâtiments de la mafia mais ça ne lui posait aucun problème puisqu’elle aimait bien se promener et découvrir de nouveaux endroits dans Yokohama. D’ailleurs elle ne le répétera jamais assez mais heureusement qu’internet existe. Avec toutes ces petites ruelles il y avait de quoi se perdre. Mais elle arriva au bon endroit à l’heure indiquée et comme prévu, le membre de l’Ordre était présent. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il faisait là mais le principal était que les informations fournies à la mafia étaient vraies. Il ne l’avait pas remarqué alors elle utilisa son pouvoir et se rua sur lui pour l’attraper et l’immobiliser.
Son intervention s’était déroulée sans accrocs et avec une certaine délicatesse. La jeune fille était impressionnée, elle n’avait même pas eu recours au couteau. Elle s’était peut être améliorée, à moins que l’ennemie était juste faible ? En vrai elle s’en fout, elle avait réussi sa mission. Enfin presque, elle devait soit le ramener ou le tuer. Pendant que Yoshi réfléchissait à la meilleure solution, l’homme qu’elle avait attrapé était bruyant et tentait de se libérer. Elle avait été sympa en désactivant son pouvoir mais là il était chiant et la perturbait dans sa réflexion.
- Bon tu vas te la fermer un peu ! Pas possible de bosser tranquille ici…
La jeune fille avait un peu haussé le ton mais pas assez pour être entendue par les habitants des maisons environnantes. Elle suivi sa phrase par un soupir et un bon coup dans les côtes de l’homme pour qu’il se la boucle. Elle essayait d’utiliser son pouvoir le moins possible puisque si quelque chose d’imprévu arrivait, elle pourrait se défendre sans avoir subi les contreparties de sa capacité un peu avant.
Mais quelque chose d’autre allait mettre fin à ses longues minutes de réflexion. Il s’approchait en ne montrant aucune hostilité, il était louche. L’homme devait probablement appartenir à l’Ordre. Il voulait engager la discussion ce qui était encore plus louche mais elle accepta quand même. Yoshi allait se contenter de l’écouter et au moment idéal elle utilisera son pouvoir sur lui. Si elle pouvait en avoir deux pour le prix d’un, elle n’allait pas s’en priver.
- Mhhh… Pourquoi pas. Je vous écoute.
Elle restait sur ses gardes, prête à agir à tout moment le regardant droit dans les yeux.
I hate everything about Myself, why do I love you ?
Au fond, pourquoi la vie humaine était-elle si importante. Ce serait quand même plus simple, si t’arrivais à en prendre moins compte. Ou alors, si les gens en général, haussait un minimum l’estime qu’ils pouvaient avoir envers cette vie. Ca simplifierait beaucoup de choses. Dans ton cas, moins d’états d’âmes. Moins de prises de tête. Même si là tout de suite, ça allait encore. Certes, tu te demandais comment faire pour pouvoir le sortir sain et sauf de cette situation, mais tu avais déjà été nettement plus paniqué que ça. Heureusement. Ca ne serait pas bon du tout de commencer à avoir peur. Ca ne ferait qu’augmenter tes chances de rater ce sauvetage. Surtout que tu étais nettement mieux placé que ton homologue. Tu risquais de mourir un peu moins rapidement que lui. Mais quel soulagement. Enorme. Il était hors de question que cet homme perde la vie, tout simplement. T’allais même tout faire pour qu’il puisse la garder, cette vie. T’étais là pour ça aussi, bien vu.
Soit, tu t’évertuais à regarder cette jeune fille, en essayant de réfléchir à toutes les possibilités qui s’offraient à toi si jamais elle montrait soudainement un signe d’hostilité. Tu ne pourrais de toute manière pas renverser la situation là tout de suite. A moins d’utiliser la force, en espérant que tes réflexes soient meilleurs que les siens. Ce dont tu doutais assez fortement. Tu n’étais pas du genre à sous-estimer qui que ce soit, bien au contraire. Et sa jeunesse pouvait totalement jouer en sa faveur actuellement. Sa vue aussi, à moins qu’elle n’ait des lentilles. Plusieurs facteurs en somme. Tu t’étais donc arrêté à une distance que tu considérais comme était raisonnable. Histoire de ne pas pousser le bouchon trop loin non plus.
De plus, même si tu te retrouvais à trois centimètres d’elle, à empiéter sur son espace vital, ça ne t’avancerait strictement en rien. Si ce n’était risquer. Risquer ta vie, sa vie, vos trois vies même. En tout cas, elle semblait déjà se douter de qui tu étais. Pas très difficile non plus. Il avait bien fallut que tu fasses un minimum comprendre que t’étais pas juste un civil qui passait par là, un peu trop curieux. Elle aurait aussi cherché à t’éliminer sans doute. Histoire de n’avoir personne dans son chemin. Elle n’aurait fait preuve que de professionnalisme.
« ▬ J’imagine que vous recherchez des informations, en particulier ? Il n’est peut-être pas nécessaire de le prendre avec vous en finissant certainement par le tuer. »
Tu ne pouvais pas prétendre détenir absolument toutes les informations de l’organisation, certes. Et on te ferait certainement un sermon, voir plus, quand tu leur dirais que tu en avais divulguées, mais ce n’était pas uniquement en demandant de le relâcher qu’on allait le libérer non plus. Il fallait être un minimum réaliste quand même. Même assez fort. Sinon la survie serait difficile pour tout le monde.
La jeune fille l’écoutait d’un air intrigué, tout en tenant fermement l’homme qu’elle avait capturée. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il propose de vendre des informations contre la survie d’un collègue. Elle trouvait la situation louche, il avait probablement un pouvoir et devait avoir plus de force qu’elle. Pourquoi est-ce qu’il n’attaquait pas ? A sa place, elle aurait juste foncé dans le tas sans aucunes négociations. Il essayait peut-être de faire diversion, mais vu comment c’était parti ça l’étonnerait. Elle prit alors sa proposition au sérieux, mais détenait-t-il vraiment ces informations ? Si c’était le cas, soutirer des informations seraient plus utile que de tuer tous les membres de l’Ordre un par un. Elle hésitait… Elle n’avait rien à perdre à accepter de lui parler et puis si elle ne tuait pas l’autre homme ce n’était pas un problème, il suffisait de dire que les informations étaient fausses et qu’il n’était pas au lieu attendu. Elle pensa à un dernier détail avant de prendre une décision, quelles informations elles avaient besoin. Elle n’était pas très renseignée sur la guilde et n’avait aucune idée de ce que souhaitait savoir la mafia. Et puis si elle rentrait juste avec ses petites informations, prévoir leurs réactions n’étaient pas évident.
Cela faisait plusieurs minutes déjà qu’elle était plongée dans sa réflexion. S’il y avait bien un moment où l’ennemi aurait pût attaquer, c’était maintenant. Mais comme rien se produisait elle continua à réfléchir pendant encore quelques longues minutes jusqu’à arriver à une conclusion. Réfléchir c’est chiant alors autant suivre son instinct. Bon, quand elle adopte cette stratégie, rien ne se passe jamais comme il faut mais ça ne l’importait peu. Se casser la tête n’était pas vraiment son genre et puis elle avait t r o p bien fait son travail jusqu’à maintenant pour que ça puisse continuer sur une si bonne lancée.
- Ce n’est pas une si mauvaise idée, mais qu’est ce qui m’assure que vous allez me dire la vérité ?
Elle n’était pas encore convaincue de si ce qu’elle faisait était la bonne chose et puis laisser partir la personne qu’elle avait capturée avec brio ne la ravissait pas non plus.
- De toute façon si vous me mentez je finirais vite par vous tuer.
Même si elle n’avait aucun moyen de reconnaître le vrai du faux, si ça peut le convaincre de dire la vérité, le menacer un peu ne va faire de mal à personne. Enfin elle n’était même pas convaincu qu’elle arrivait vraiment à l’abattre s’il arrivait quelque chose. Elle allait improviser, comme toujours. viser, comme toujours.
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